Complainte du curé

Complainte du curé

Dans cette église glaciale
je me sens tout anesthésié,
pas moyen de se réchauffer
avec le peu de fidèles
et devant ce vide abyssal
je frissonne devant l' autel.

Pour moi de gourmandise, las !
ce péché ne risque pas ce
jour ni aucun autre, juré...
Car je connais trop le menu
quotidien d'un simple curé,
eau, pain nouilles et soupe ténue.

Parfois l'assistance est très gaie
les baptêmes et communions
augurent d'excellents repas.
Mais moi je reste ici-bas
tout seul avec mon affliction.
Car plus moyen de rétribuer
la moindre bonne ou servante
vu l'excessive pingrerie,
aux quêtes, de l'assistance
du dimanche ou du samedi.

Je suis obligé de mentir
quand il s'agit d'ensevelir
un défunt, triste mécréant,
buveur et paillard ci-devant
et que je dois auréoler
devant la famille affligée...
Dieu voudra bien me pardonner,
simple geste d'humanité !

Ce sont toujours les plus laides
qui décident de réconforter
le célibataire malgré lui
qui officie devant elles...
Mais est-ce bien un grand péché
d'aimer goûter au paradis ?
Non, le prêtre dans sa cure
ce n'est pas tout sinécure...